Au cours de la dernière année et demie, le CTTÉI et ses partenaires ont relevé le défi de transformer les surplus de friperies en panneaux isolants pour le secteur de la construction.
Ce projet a vu le jour grâce au financement de : RECYC-QUÉBEC, TechniTextile et de la Caisse Desjardins Pierre-De Saurel et à la participation de CHROMA Conseil, Marie-Josée Loiselle de NunoID, Recyclo-Centre, Nature fibres, General Recycled, Groupe CTT, Kemitek et SEREX.
Un débouché à haut volume
L’objectif principal du projet était d’évaluer la faisabilité technique et économique d’un débouché alternatif à l’exportation et l’élimination des surplus de friperies : le panneau isolant à base de textiles post-consommation (TPC) pour le secteur de la construction. Pour y parvenir, la mise en œuvre du projet s’est articulée autour des étapes suivantes, menées en collaboration avec différents partenaires :
FIGURE 1 Déroulement par étape et équipe de projet
Les résultats
Le projet a permis de rassembler les partenaires de recherche, manufacturiers et financiers nécessaires pour développer des prototypes de trois panneaux :
- TPC50 : 50% TPC + 50% chanvre
- TPC80 : 80% TPC 20% chanvre
- TPC100 : 100 % TPC
FIGURE 2 Résultats des trois prototypes : TPC50, TPC80 et TPC100
Le CTTÉI a réalisé une analyse de cycle de vie (ACV) comparant quatre types de panneaux isolants : panneau de laine de roche (LR) [1], panneau de chanvre de Nature fibres (NF), panneau TPC50 et panneau TPC100. Le but de cette analyse était de comparer les impacts générés par le cycle de vie de produits actuellement mis en marché à ceux des prototypes. Pour assurer une comparaison équitable, la gestion évitée du TPC en fin de vie dans les scénarios TPC50 et TPC100 a été considérée. L’unité fonctionnelle sur laquelle les calculs et les impacts sont basés est : un panneau isolant de 1 m2 avec des épaisseurs permettant une isolation thermique de 1 m2*K/W au cours de sa vie utile au Québec.
Selon les résultats de l’analyse, le scénario TPC100 présente des impacts plus faibles que les autres scénarios pour la majorité des indicateurs environnementaux évalués1. Par exemple, l’indicateur des changements climatiques, qui correspond à l’empreinte carbone, montre que, même sans considérer les impacts évités du TPC en fin de vie, les scénarios TPC50 et TPC100 ont généralement une empreinte carbone plus faible que les scénarios LR et NF. Une substitution accrue du chanvre par le TPC est donc généralement associée à une réduction des impacts environnementaux.
Ensuite, le SEREX a testé les trois prototypes de panneaux pour en connaître la performance. Les résultats des tests de performance thermique confirment que les échantillons du panneau TPC100 présentent la meilleure valeur R, comparable à celles des produits commerciaux tels que la ouate de cellulose et la laine de verre. Les résultats des tests d’absorption et de perte de transmission acoustique sont aussi comparables aux produits sur le marché pour les trois prototypes. Toutefois, bien que les résultats des tests de résistance au feu démontrent que les panneaux répondent aux critères de propagation de la flamme, ce n’est pas le cas pour les critères de développement de fumée. De plus, les essais de résistance fongique ont mis en évidence la présence de moisissures sur les trois formulations de panneaux. L’ajout d’un agent antifongique devra donc être étudié afin de limiter la croissance fongique et l’agent ignifuge devra aussi être ajusté.
Enfin, l’objectif d’évaluer la faisabilité technique et économique de produire un panneau isolant conçu à base de TPC pour le secteur de la construction a été atteint. Le projet a permis d’identifier deux principaux freins techniques : la présence de poussière dans les TPC défibrés et la variabilité de la composition des TPC issus des surplus de friperies. Ensuite, les principaux freins économiques lors de la fabrication de prototypes sont les étapes du traitement ignifuge, du défibrage, du tri manuel et du préconditionnement des fibres TPC.
Dans la prochaine étape de développement, il sera pertinent d’identifier et d’analyser divers équipements pouvant remédier à quelques freins identifiés dans cette première mise en forme de panneaux. D’ailleurs, le projet confirme le besoin d’équipements à l’échelle pilote pour des projets de recherche et développement de débouchés.
