janvier 31, 2024

Résidus élastomères: cartographie et identification de débouchés

La Vallée des Élastomères a mandaté le CTTÉI pour cartographier les résidus d’élastomères au Québec et identifier des solutions de valorisation à plus haute valeur ajoutée.

Une collaboration fructueuse

Crédit photo: NathB photographe

En 2013, une « Étude pour la mise en valeur des résidus de caoutchouc » avait déjà été réalisée par le CTTÉI pour la Vallée des Élastomères, pôle d’expertise regroupant près de 30 entreprises, soutenu par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie en vue de soutenir l’innovation, le développement et la circularité de la filière.

Michel Rousseau, directeur du créneau, a mandaté le CTTÉI en 2023 pour remettre à jour les connaissances et étudier des pistes d’amélioration de la valorisation.

En 2023, le CTTÉI a ainsi procédé aux travaux suivants :

  • Cartographie des résidus d’élastomères à partir des données des membres de la Vallée des Élastomères au Québec (septembre 2023)
  • Identification de solutions de valorisation (décembre 2023):
    – Revue des technologies et pratiques d’économie circulaire au Québec et à l’international en ce qui a trait à la mise en valeurs de résidus de caoutchoucs
    – Identification de solutions de valorisation
    – Hiérarchisation et choix de 5 scénarios d’économie circulaire à développer au Québec

Au total, les travaux ont répertorié plus de 70 pratiques et utilisé plus de 100 documents techniques en provenance de sources d’informations variées et fiables. Conduits en collaboration avec les membres de la Vallée des Élastomères, ils ont bénéficié de l’aide de facilitateurs en économie circulaire issus de la communauté de pratiques Synergie Québec, le réseau des symbioses industrielles et territoriales au Québec.

Fort potentiel de valorisation

Plusieurs enseignements ont été tirés des travaux engagés:

  • Les efforts réalisés auprès des pneus hors d’usage devraient être élargis au traitement de l’ensemble des résidus élastomères au Québec. Bien que la majorité du gisement de résidus d’élastomères soit recyclée à l’externe (4911 t/an) ou valorisée énergétiquement (1249 t/an), une proportion importante (5302 t/an) des résidus est actuellement toujours destinée aux lieux d’enfouissement technique.
  • En raison de la diversité des élastomères que l’on retrouve parmi les résidus industriels, le recyclage par une entreprise isolée est difficile. Les procédés de production actuels sont propres à chaque usine et conçus plutôt pour l’utilisation de matière première vierge. La mutualisation des ressources et efforts des acteurs de l’industrie est donc un facteur clé pour le rehaussement des pratiques.
  • L’adoption d’une approche basée sur les propriétés des mélanges plutôt que sur des recettes spécifiques permettrait une simplification de la gestion des matières premières et l’intégration des matières recyclées.
  • De nouvelles technologies sont disponibles aujourd’hui pour valoriser les élastomères dans des débouchés à plus haute valeur économique. En effet, une majorité des cycles de valorisation actuels peuvent être qualifiés de sous-cyclage alors qu’il existe de meilleures options.

Les nouveaux procédés prometteurs sont :

  • La dévulcanisation, la cryogénie et la pyrolyse sont des techniques qui pourraient rendre possible la fabrication de produits à valeur ajoutée. Citons par exemple un procédé de dévulcanisation qui aboutirait à la production d’une matière première non vierge plus compétitive que la matière vierge : le coût d’achat du caoutchouc granulé revalorisé s’élèverait à environ 800 dollars canadiens par tonne, alors que le caoutchouc vierge coûte entre 2600 et 3400 dollars canadiens par tonne (procédé Levgum, Israël).
  • L’intégration de poudrette dans la fabrication de pneus neufs, de bitume ou encore d’un mélange composite intégrant du plastique demeure intéressante.
  • La valorisation énergétique en cimenterie peut également être effectuée en dernier recours selon la hiérarchie des 3RV.

Les cinq scénarios désirables identifiés doivent maintenant être approfondis par une étude technico-economique : CAPEX-OPEX, quantification des gains et avantages environnementaux (dont un bilan GES), modélisation des flux de matières résiduelles, etc.

Grâce au travail effectué ensemble en 2023, la Vallée des Élastomères et ses membres sont en mesure de poser des gestes éclairés en vue de dévier de l’enfouissement les résidus de caoutchouc, et cela, dans une perspective d’économie circulaire.

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